Médecine : les étudiants apprennent à dialoguer avec les malades pour mieux les soigner

Dans le laboratoire de simulation de la fac de médecine Paris-Descartes, c’est l’humain qui est au cœur de la formation. Les étudiants y apprennent à dialoguer avec les malades pour mieux les soigner.

Faculté de médecine Paris-Descartes. Des acteurs comme patients, de « vrais » étudiants, confrontés à la réalité de situations telles qu’ici, l'annonce d’une récidive de cancer à une patiente.
Faculté de médecine Paris-Descartes. Des acteurs comme patients, de « vrais » étudiants, confrontés à la réalité de situations telles qu’ici, l'annonce d’une récidive de cancer à une patiente.

    Le geste est là, la main se fait douce en se posant sur celle de la patiente. Mais le geste est fugace, la main vite retirée, et les mots beaucoup trop « jargonneux ». Assénés comme on se débarrasse d’une corvée redoutée. Brutal et « inhumain », l’échange de cette scène étonnante, qui se déroule dans une chambre d’hôpital plus vraie que nature ?

    Oui, mais… c’est un mal pour un bien : ce jeune médecin maladroit est un étudiant, la patiente à laquelle il annonce la récidive d’un cancer, parle de métastases et se dit « désolé », est une actrice.

    Communiquer pour mieux soigner...

    Nous sommes au 5 e étage de la faculté de médecine Paris-Descartes, derrière les portes du laboratoire de simulation iLumens. Ce jour-là pas de mannequin ni de gestes techniques à effectuer, c'est « l'humain » qui est au cœur la séance. Quelques semaines après la sortie du « livre choc » de Dr Martin Winckler, « Les brutes en blanc » dans lequel il dénonce la violence et la brutalité inutile de confrères, les formations sur le thème de la relation soignant patient font encore plus sens. Elles ne datent pas de cet automne, et le Pr Antoine Tesnière, l'un des fondateurs d'iLumens, les voit de plus en plus sollicitées. Comme si « l'humanisme » et la bienveillance étaient des attributs un peu perdus, entre patients, soignants, familles, et que le monde de la santé éprouvait le besoin de réapprendre — ou d'apprendre — à « communiquer pour mieux soigner ».

    A iLumens, « c'est plus simple que dans la vraie vie », souligne le Pr Tesnière, mais tous les scénarios sont envisagés et pratiqués, leur contenu dûment validé par la Haute autorité de santé (HAS), et chaque séance minutieusement « débriefé » par une équipe pluridisciplinaire. Cette fois ce sera l'annonce d'une maladie grave ou d'une complication, plus tard il faudra expliquer à une mère que son petit garçon n'a pu être opéré, à cause d'une réaction allergique grave au moment de l'anesthésie… Ou bien encore, annoncer à cette future maman inquiète venue passer une échographie, que son enfant est mort.

    « Vous n’entendez plus rien madame, parce que son petit cœur ne bat plus… », explique un autre étudiant, voix ferme mais physiquement plus attentif que son camarade précédent. A chaque situation, chaque personnalité aussi, sa façon de « gérer ».

    Comme les gestes purement cliniques la relation médecin patient, ça se travaille aussi.

    « Les étudiants n’ont pas toujours le bon vocabulaire, commente le Pr Tesnière. On se rend compte qu’ils ont tendance à vouloir se débarrasser très rapidement d’une annonce difficile. Or comme les gestes purement cliniques la relation médecin patient, ça se travaille aussi. »

    En savoir plus sur le laboratoire de simulation iLumens

    : Laboratoire universitaire médical d’enseignement basé sur les technologies numériques et de simulation, créé il y a 4 ans au sein de l’université. Avec ses mannequins, son bloc opératoire reconstitué et ses outils numériques, il permet de recréer toutes les situations possibles, des plus simples aux plus complexes, dans toutes les spécialités.

    « Si l’on parvient à bien communiquer cela va nous aider à mieux gérer le stress »

    Thaïs, 24 ans, en 6e année de médecine

    Future anesthésiste, Thaïs vient d’achever sa 6 e année de médecine et se prépare à l’internat. Elle fait partie des convaincus de l’importance de ces entraînements par la simulation, y compris dans « l’humain, la relation avec le patient ». « La qualité première de ces méthodes, c’est que ça nous fait stresser, véritablement comme si nous étions à l’hôpital, sourit la jeune femme. Cela nous apprend à avoir les mots qu’il faut, par exemple lorsqu’on est face à une famille qui est elle aussi stressée, ou à un patient qui peut avoir toutes sortes de réactions.

    Réfléchir à cela en conditions réelles mais face à quelqu’un qui nous regarde sans nous juger, c’est très important… on peut faire des erreurs et revenir sur ces erreurs avec les débriefings. En fait la bonne nouvelle, c’est que ça se travaille ! »

    Ce qu’elle attend de ce « bonus » aux stages et aux études ?

    « Peut-être un peu plus de calme, par exemple dans des situations complexes ou urgentes, où je manquerai d’informations ou de compétences, des situations stressantes qui peuvent s’améliorer si l’on parvient à bien communiquer ». Pour la future médecin, « la bonne communication » est aussi un enjeu pour les équipes médicales. Cela fait partie intégrante de l’acte de soigner, alors pourquoi ne pas l’apprendre comme tout le reste ?

    Élodie Soulié

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