Ils se préparent aux métiers de la sécurité

Sécurité, défense... des métiers particulièrement exposés et recherchés par les jeunes - collégiens et lycéens vont prendre des cours avec la police municipale.

Le Mée, le 13 novembre. Tous deux boursiers, Damien et Manessa participent au module créé en 2013 au collège Elsa-Triolet.
Le Mée, le 13 novembre. Tous deux boursiers, Damien et Manessa participent au module créé en 2013 au collège Elsa-Triolet.

    Melun - Dammarie - Le Mée. Une convention, décidée et signée avant les attentats de vendredi dernier, permet à 48 jeunes de suivre des cours avec la police municipale.

    Il s'agit d'une première en France ! Depuis le 24 octobre, à Melun et ses environs, 48 élèves de la 4 e à bac + 2 suivent des cours pour mieux préparer leur accès aux métiers de la défense et de la sécurité intérieure. Trente-trois collégiens de 4 e et 3 e visent l'entrée dans des lycées militaires (Le prytanée de La Flèche dans la Sarthe par exemple), et une quinzaine de lycéens (en 1 re et terminale) et étudiants (niveau bac + 1 et bac + 2) veulent passer un concours de catégorie B (police nationale, municipale, gendarmerie, sûreté générale de la SNCF, direction pénitentiaire).

    La cohésion sociale mise en avant

    Trente-trois pour cent des élèves sont issus de familles de catégories socioprofessionnelles (CSP) défavorables (quartiers politiques de la ville), 33 % de classes moyennes en souffrance et 33 % de CSP +. Ils sont scolarisés dans treize collèges et six lycées répartis sur Melun, Dammarie, Le Mée, Saint-Fargeau-Ponthierry, Perthes-en-Gâtinais, Vaux-le-Pénil, Verneuil-l’Etang, La Rochette.

    La sélection est dure. Il faut leur donner leur chance  !

    Principal du collège Elsa-Triolet, classé en zone d’éducation prioritaire (ZEP) au Mée-sur-Seine, Stéphane Fraïoli a lancé ce module à titre expérimental dans son établissement dès 2013, avec la police municipale du Mée. « Beaucoup d’élèves me disaient vouloir exercer un métier dans la sécurité ou la défense. Or, la sélection est dure. Quand vous êtes issu de ZEP, vous n’avez pas forcément le niveau, ni les codes. Il faut leur donner leur chance  ! » Et le chef d’établissement d’insister : « On peut même changer un accent de banlieue en accent de Paris XVI e, dès lors qu’on a compris ceci : l’accent, c’est un jeu ! » Le succès aidant, il en parle à l’ex-déléguée du préfet, Samira Ouzzine, qui contacte Frédéric Debove, directeur de l’institut de droit et d’économie de Melun.

    Ce dernier a la fibre sociale et fonce.

    « Notre société est sous tension. Pilier du modèle républicain, l’Education nationale a une responsabilité », justifie-t-il. En 2010, il avait mis en place un programme d’égalité des chances pour encourager ses élèves méritants.

    Un socle de cinq enseignements

    Les 48 élèves suivent 96 heures de cours répartis entre le samedi matin à la fac de Melun (antenne de Paris-II-Assas), le mercredi de 16 heures à 20 heures au collège Elsa-Triolet et six mercredis à l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale de 14 heures à 18 heures à Melun. Leur socle commun : renfort des connaissances scolaires, cours de droit, de culture générale, préparation physique, connaissances spécifiques comme les techniques d’intervention professionnelles (maîtriser le krav-maga, par exemple !) Des sorties sont également prévues au 36, quai des Orfèvres, au Sénat, au PC crise de la sûreté SNCF, etc.

    Un exemple à suivre

    « Toutes les populations, quelle que soit leur origine, ont leur chance. La République est le lien commun que nous avons tous », s’enthousiasme Raphaël Le Méhauté, préfet délégué à l’égalité des territoires. « A Paris, on n’invente rien. Notre job, c’est maintenant de diffuser cette initiative au niveau national ! »

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    Les métiers de la sécurité et de la défense

    « Grâce à ce module, on prend de l’avance »

    Damien et Manessa, suivent les cours de métiers de la défense et de la sécurité intérieure

    Damien et Manessa sont des enfants du laboratoire que fut le collège Elsa-Triolet du Mée dès 2013. Lui, âgé de 14 ans, est en 3 e et elle, âgée de 15 ans, étudie en classe de seconde au lycée George-Sand situé à côté. Tous deux résident au Mée dans les quartiers classés politique de la ville et sont boursiers.

    Ils ont commencé le module il y a un ou deux ans et le poursuivent cette année. Pour chacun, c’est une vraie chance car ils savent déjà quel métier exercer plus tard. « Je veux être tireur d’élite dans la gendarmerie. Je veux tenter un lycée de défense, sinon entrer en seconde au lycée Joliot-Curie de Dammarie pour passer un bac pro sécurité et prévention », annonce Damien.

    Ils découvrent les techniques d’intervention

    Pour Manessa, c’est le rêve de devenir policière municipale qui la motive. « J’ai toujours voulu faire ça. Cette police est plus proche des gens que la nationale », justifie-t-elle. Avec Damien, elle a déjà suivi des cours de droit, Code pénal et Code civil en main. Elle a aussi découvert les techniques d’intervention. « Avec le chef de la police municipale, on apprend à utiliser les pistolets airsoft, à faire des palpations, à effectuer des contrôles d’identité », détaille Manessa. Damien approuve : « Il faut être ferme, garder une certaine distance, vouvoyer la personne et rester calme. »

    Les heures passées entre théorie et pratique en dehors des cours ne les gênent pas. Au contraire. « Ça nous plaît ! Grâce à ce module, on prend de l’avance pour bien préparer les concours. »

    Sophie Bordier

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