Diplômés de grandes écoles, et envie d'autre chose...

Innovation. Les 14e Rencontres d’Aix planchent sur l’économie du futur. Une centaine de jeunes diplômés y ont été invités. Les ponts dorés les laissent de marbre : ils préfèrent donner un sens à leur vie.

Diplômés de grandes écoles, et envie d'autre chose...

    Innovation. Les 14e Rencontres d’Aix planchent sur l’économie du futur. Une centaine de jeunes diplômés y ont été invités. Les ponts dorés les laissent de marbre : ils préfèrent donner un sens à leur vie

    Sciences-po, Ecole normale, Polytechnique,

    écoles de commerce… Ils suivent tous de brillantes études. Ils pourraient tous, sans exception, se contenter de dérouler une carrière confortable dans de grandes entreprises.

    Pourtant, invités à phosphorer sur le futur aux Rencontres économiques d’Aix-en-provence (Bouche-du-Rhônes), une centaine de jeunes se dessinent un autre avenir.

    « On nous décrit souvent comme une génération démobilisée, obnubilée par les nouvelles technologies. C'est faux. Simplement, nos engagements prennent d'autres formes », avance Claire Devilard, 22 ans, étudiante de l'école de commerce marseillaise Kedge. Lesquels précisément ? « On est de plus en plus nombreux à vouloir créer des start-up ou s'engager dans des secteurs qui ont une forme de responsabilité sociale. Là, par exemple, je pars en stage en Afrique du Sud pour aider au lancement d'une ligne d'hôtels axés sur le développement durable. »

    Rompre avec la production sans réflexion

    Economie sociale, économie collaborative, crowdfunding…

    Ces jeunes n’ont que ces mots à la bouche. Leur objectif ? Rompre avec le « métro, boulot, dodo » et la production sans réflexion. La crise n’est pas étrangère à cette envie de travailler pour la société. « Des amis formés pour devenir ingénieurs travaillent aujourd’hui dans la restauration rapide pour payer leur loyer. Forcément, on s’interroge sur le sens du travail », témoigne Leo Garnier, étudiant à Polytechnique. Ce parisien se fixe un objectif :

    apaiser les tensions sociales et les relations électriques au sein des entreprises, grâce à une technique bien à lui, qu’il pourrait un jour mettre en musique en créant sa boîte

    : « On pourrait orienter les achats des consommateurs vers les produits vendus par des entreprises où les relations de travail sont apaisées. Il suffirait pour cela d’indiquer la qualité du dialogue social sur les produits grâce à une puce électronique. » Un peu comme cela se fait pour la consommation d’énergie avec les machines à laver…

    « Les périodes de croissance forte sont derrière nous »

    Jean-Hervé Lorenzi, économiste

    Organisateur des Rencontres économiques d’Aix-en-provence et auteur d’« Un monde de violences, l’économie mondiale 2015-2030 », Jean-Hervé Lorenzi annonce une ère de croissance molle.

    Les jeunes sont les premières victimes de la crise. Ils se demandent quand cette période de stagnation s’achèvera …

    JEAN-HERVÉ LORENZI. Les périodes de croissance forte sont derrière nous. Nous sommes confrontés à une série de problèmes que nous sommes incapables de résoudre : une finance non régulée, un vieillissement de la population, un ralentissement des effets du progrès technique, des inégalités croissantes… Tout ça rend l’univers économique incertain.

    Et la France dans tout cela ?

    Le ralentissement de l’investissement est plus marqué en France. A Londres, quand vous vous baladez, vous voyez des grues partout. A Paris, il n’y en a pas assez… Ce décrochage dure d’ailleurs depuis dix ans. Le déficit commercial a plongé de manière hallucinante à partir de 2003.

    Nous avons privilégié la consommation, le maintien du pouvoir d’achat pour l’ensemble des salariés et des chômeurs, au détriment de l’investissement.

    Comment sortir de cette situation ?

    La priorité des priorités, c’est de mettre sur pied une politique de construction de logements plus active. La construction d’un logement permet de créer environ 1,8 emploi pendant deux ans. Or, nous aurions pu créer 100 000 logements de plus au cours des dernières années ! Le deuxième axe, c’est de réduire la dépense publique, pour la confiance. Les politiques ont trop dit qu’ils allaient le faire, il faut désormais passer aux actes.

    Baisser les dépenses, alléger le coût du travail. C’est ce que fait le gouvernement…

    Le gouvernement a mis deux ans pour changer de direction. C’est désormais la bonne. Il ne faut pas seulement réduire les dépenses mais aussi — en partie — les réallouer. Par exemple, il serait nécessaire de faire un peu plus d’efforts pour l’éducation primaire et secondaire.

    Quelles autres solutions le gouvernement peut-il exploiter ?

    Remettre à plat la fiscalité de l’épargne pour favoriser l’investissement et la prise de risque. Deux tiers de l’épargne sont détenus par les plus de 60 ans. Ils pourraient être beaucoup mieux utilisés.

    Boris Cassel

    Les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence sont organisées par le Cercle des économistes dans le cadre de l’Université d’Aix-Marseille, de Sciences Po Aix et du Festival d’Aix-en-Provence. Cet événement de portée internationale accueille chaque année plus de 2000 personnes - chaque année les étudiants y ont aussi leur place comme avec le concours "La Parole aux étudiants"

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Audencia Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Nantes
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully
    Montpellier Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Montpellier